Etre Suisse à Shanghai
Il y a quelques semaines, j’ai reçu une invitation pour participer au Swiss Ladies Brunch de la part de l’épouse du consul suisse de Shanghai.
Yeah, trop cool.
En quel honneur me direz-vous? Je suis suisse et je suis une femme.
Point.
Je n’avais pas d’autres arguments à faire valoir. Et d’ailleurs c’était l’unique condition pour participer à l’évènement.
Comme je suis une fille de l’extrême, un peu punk rebelle dans l’âme, toujours en quête de sensations fortes (et de petits rochers Ferrero) j’ai décidé de m’y rendre.
La petite sauterie démarrait à 9h30. Je suis arrivée à 9h39 et j ‘étais la 4ème avant dernière à passer la porte, parmi une trentaine de convives. Welcome to Switzerland, on ne plaisante pas avec la montre.
Madame l’épouse du consul était là. Suisse allemande, belle, élancée et polyglotte. Elle m’a accueillie avec un français impeccable dans sa maison de rêve, s’en est allée saluer les autres copines en suisse allemand et a fait son discours de bienvenue en anglais.
Je ne connais rien au monde diplomatique, mais le job de femme de consul me fascine. Si, parmi mes lectrices, il y a une femme d’ambassadeur, qu’elle me contacte en privé, j’aimerais tant m’entretenir avec elle.
La langue utilisée durant tout le brunch fut l’anglais, autant dire que je ne me suis sentie rarement sentie aussi peu suisse. Je n’ai parlé à personne et comme à chacun de ses événements, j’en ai voulu à mon mari de m’avoir fait découvrir la communauté des « femmes qui ne travaillent pas et qui s’ennuient comme un rat mort ».
On est prochainement invité à venir fêter l’Escalade en famille à Shanghai (fête genevoise très populaire pour les copines françaises qui me suivent). Dans la lettre d’invitation, figure une petite phrase qui me laisse pantoise : le consul suisse a proclamé que la langue officielle des festivités serait l’anglais. Mon pays s’adresse constamment à moi en anglais et ça m’énerve.
Selon le consulat, nous somme 1000 Suisses à Shanghai, dont environ 50 romands, enfants y compris. Je n’en connais aucun.
Mes relations, je les tisse avec des françaises.
Après mon premier choc avec la Chine, je vis un second choc culturel avec la France. (un petit coucou à mes amis frenchi en passant)
Par exemple, une des premières questions qui revient quand je rencontre une française est : « es-tu intéressée par le catéchisme ? » Sans doute dois-je paraître un peu illuminée pour susciter pareille question, mais je ne peux m’empêcher de trouver ça étrange comme entrée en matière.
Entre les vacances d’été et de fin d’année, la française passe 2,7 mois dans sa résidence secondaire de 340 m 2 dans le sud de la France, entourée par le chant des cigales et le parfum de lavande. Pendant que moi, n’ayant ni résidence primaire, ni résidence secondaire, j’irai testé le misérable petit hôtel 1 étoile de la Riviera à 210.- CHF la nuit, petit déjeuner non inclus, lors de mes retours en Suisse.
Le mari n’ayant pas, comme elle, 365 jours de vacances par an, elle prend l’avion, parfaitement zen, effectue un vol de 11h seule avec ses 3 ou 4 enfants sous le bras, âgés de 3 à 7 ans et n’a même pas peur.
Rencontrer Jésus, ça détend apparemment. Ce n’est pas moi qui m’aventurerais à voyager seule avec mes 2 fauves.
Mon mari travaille pour une entreprise française, mon fils fréquente l’école française, mes voisines sont françaises. Je n’ai jamais été aussi proche de ce pays qu’en étant à Shanghai. Bien plus proche que mon pays d'origine.
Il a fallu que j’atterrisse en Chine pour je découvre la France et tous ses charmes. Puissent-ils continuer à briller de mille feux encore longtemps….