Expat blues bonjour !
Ca fait un moment que je n’ai pas pondu un article sur ce blog. La raison est simple : c’est difficile d’écrire sur le néant, le vide ou le rien qui m’habite depuis 3 mois. Sans crier gare, la petite déprime d’expat s’est glissée dans ma vie. Je n’ai rien venu venir et paf, un beau jour je me suis réveillée tristounette, trainant mon blues toute la journée sans pouvoir en expliquer la raison.
Enfin, pas exactement, car grosse raison il y a : JE N ‘AI PAS DE JOB. Je regarde les autres taitai autour de moi s’épanouir dans leur vie de mère au foyer enchainant les activités artistiques, culturelles, sportives ou religieuses, en étant gaies comme des pinsons, pendant que moi je me surprends à rêver de prendre la place de la serveuse en face de moi, la larme à l’œil. J’ai pourtant essayé la zumba, le fitness, les virées shopping et autres activités délirantes, mais la mayo ne prend pas. Malgré les diverses sollicitations, je résiste encore un peu à l’appel de la peinture chinoise, ou partir filler un coup de main à la cantine scolaire. J’accepterai peut-être quand j’aurai atteint le fond du gouffre.
Il faut dire que les écoles ici n’aident pas les femmes à avoir une activité professionnelle. Je suis une vraie mère au foyer dans toute sa splendeur grâce au programme un tantinet trop light à mon goût du Lycée français de Shanghai. Voici donc sa grille horaire hebdomadaire :
LU : 8-15h
MA : 8-15h
ME : 8h-12h30
JE : 8h-15h
VE : 8-12h30
Heureusement, on a la possibilité le mercredi et vendredi, en mettant la main à son portefeuille, d’inscrire son enfant à des activités qui lui permettront de finir à 15h, activités qui n’auront pas lieu 7 semaines par an pour une raison que j’ignore.
Seuls, les enfants à partir de la 3ème primaire (suisse) y ont droit, les plus petits rentrent chez leur maman adorée à 12h30, 2 fois par semaine.
A côté de ce programme de compétition, mon fils a 17 semaines et 2 jours de vacances par an. Oui, j’ai bien dit 17. Soit, environ 1 semaine par mois en dehors des vacances d’été. Les mois où il n’en a pas, il se rattrape le mois suivant en en ayant 2 d’affilée.
En gros, il n’en rame pas une près d’ 1/3 de l’année.
Je viens donc de passer ces premiers 15 jours de mai collée-serrée avec lui, et le jour où je m’apprête à savourer le bonheur de le réexpédier en cours pour réfléchir à ma vie professionnelle, le Lycée français me rappelle que je dois me rendre à l’école pour l’accompagner à une visite médicale qui ne peut se faire qu’en présence d’un parent ….. nous voilà à nouveau réunis après 4 heures d’interminable séparation.
L’école aime resserrer les liens parents-enfant, c’est sûr.
De plus, les parents sont amenés à se rendre à l’école pour diverses raisons : de la fête de la Terre, au spectacle de Noel, en passant par les entretiens avec les enseignantes, à des heures où le commun des mortels est censé être à son bureau.
Mais bon, il paraît qu’en sortant de là, il ira à Harvard ou Yale, car le Lycée Français se vante d’avoir des résultats exceptionnels au baccalauréat. Comme quoi, la glande ça a du bon sur le cerveau.
J’ai beau réfléchir, je ne vois pas comment avoir une activité professionnelle avec le programme concocté par l’école française.
Je pourrais monter mon entreprise depuis ma chambre mais en fait, j’ai envie d’avoir des collègues, un horaire, un cadre et tout le tsouin tsouin.
Mon fils détestant l’idée de se retrouver avec une nounou chinoise qui ne parle pas un mot de français (ce n’est pas faute d’avoir essayé), je ne vois pas ce que je peux faire de lui tout ce temps où il n’est pas à l’école.
Je me retrouve donc en 1860 comme Caroline Ingalls à préparer des tartes aux pommes dans notre petite maison dans la prairie, en attendant impatiemment le retour de mon Charles d’amour qui s’en est allé couper du bois dans la forêt pendant 1 semaine (à Madrid) pour nous faire un joli feu de bois.
Je vous laisse. Je vais aller mettre mon tablier, traire la vache et aller acheter des antidépresseurs chez ma copine Harriet Oleson, en espérant y croiser le pasteur, le révérend Alden, afin qu’il me sorte de là, grâce à son réseau intercéleste.