La Chine, c'est loin d'être moche.
En décembre, à Shanghai il y a ceux qui partent faire du ski au Japon, ceux qui se dorent la pilule à Krabi, ceux qui sillonnent la Nouvelle Zélande, ceux qui visitent les rizières à Bali et il y a moi.
N’étant pas encore habituée à cette vie d’expat, je me suis rendue compte à la dernière minute qu’on allait se retrouver seuls à Shanghai pour les fêtes de fin d’année, car le sport national de tout expatrié est de voyager à la moindre occasion. Ayant eu la trouille d’être l’unique occidentale parmi 24 millions de chinois, j’ai donc organisé vite fait un voyage au Cambodge pour Noel. Ce fut joli, dépaysant, mais depuis que j’ai mis bas voilà il y a 5 ans, les voyages tournent exclusivement autour des enfants. On fait beaucoup de piscine et peu de visites, mes héritiers ayant une nette préférence pour les toboggans dans l'eau plutôt que pour les musées.
De retour à Shanghai le lendemain de Noel, réalisant que j’allais passer encore 1 semaine à essayer d’empêcher que les grimlins ne s’entre-tuent (le passe temps préféré du grand étant celui d’essayer d’étrangler le petit), j’ai acheté des billets d’avion à moins de 18h du décollage, direction Guilin. Et pour une fois dans ma vie, j’ai décidé que j’allais m’asseoir sur les goûts et les couleurs de mes enfants adorés et devenir le commandant en chef de ce voyage en Chine.
Guilin c’est à 2h55 d’avion de Shanghai ( à l’aller) et 1h45 (au retour) Pourquoi cette différence ? J’en sais rien et j’ai la flemme de me renseigner.
On a fait appel à un guide local. Ca nous a coûté un bras. 2 bras plutôt (et même les membres inférieurs en y repensant bien.) Mais il a fait du « sur mesure », en tenant compte du fait qu’on se déplaçait avec des fauves qui détestent marcher. On a failli mourir 56 fois en voiture, car derrière tout chinois se cache un valaisan dans la manière de conduire en pleine montagne.
On a descendu la rivière Li en bateau. 5h de croisière dans un paysage féerique.
On a fait une randonnée dans les rizières assez ardue (voire dangereuse pour des enfants) et nous n’avons pas eu d’autre choix que de louer une chaise au porteur, portée par 2 adorables chinois pour déplacer notre descendance. La honte: on aurait dit que j’avais enfanté de 2 princes à l’époque coloniale. En plus, les chinois adorent photographier les enfants occidentaux. Mes enfants trouvent donc normal d'être portés sur une chaise et photographiés comme des rois. Le retour en Suisse va faire mal.
On a mangé chez l’habitant et pour une fois j’ai aimé la cuisine chinoise.
On a rencontré les femmes Zhuang qui font partie de l’une des 56 minorités ethniques de Chine. Elles ont la particularité d’avoir les cheveux qui touchent par terre lorsqu’elles défont leur banane à la Elvis Presley.
Au terme de ce voyage, j’arrive à la conclusion totalement bouleversante et inespérée : la Chine, c’est loin d’être moche et les gens sont adorables.
C'est assez déstabilisant de voir ainsi toutes mes idées préconçues sur ce pays s'effondrer d'un coup.
Comme il est de bon ton de formuler des vœux en début d’année, je vous souhaite à tous de voyager et pas que dans vos têtes.
Bonne année 2016 !