La Chine et l’argent : quand tu as des francs, tu n’as pas forcément des yuans
Premier jour : on part manger dans un resto du coin. Arrive l’addition, mon mari sort sa carte bancaire chinoise. La serveuse gênée revient avec un collègue qui nous explique qu’il n’y a pas un rond sur son compte en banque. Je file tester ma carte dans un bancomat chinois qui me dit la même chose : « vous êtes pauvres, il n’y a pas un yuan sur vos comptes ». L’angoisse monte en moi, car mon mari et moi avons pris le soin d’alimenter 2 comptes chinois avant notre départ.
Dans la mesure où je n’ai jamais fait un versement en Chine de toute ma vie, je me demande si j’ai fait tout juste, mais on n’a pas le temps de se pencher sur la question. On a un rendez-vous important, on doit faire la remise des clés de notre nouvelle maison. A peine nos 7 clés dans les poches et l’état des lieux effectué, mon mari sort et se rend à la réception du compound, il revient 5 minutes plus tard. Il essaie d’ouvrir la porte mais casse la clé dans la serrure. Pas grave, un serrurier chinois débarque et nous passons déjà à la caisse 10 minutes après être devenu locataire. Heureusement il lui reste un peu de cash de notre précédent voyage.
Mais où est donc passé l’argent que nous avons viré en Chine ? On court dans une banque où des employés parlent anglais. On nous explique alors qu’il y a bien des francs suisses sur nos comptes mais il faut les changer en yuan. Je leur dis : « je vous en prie, faites seulement. » On me répond : « non, il faut vos passeports ». Mais les passeports se trouvent dans les mains de l’employé de l’agence de relocation qui est en train de les remettre à je ne sais qui pour faire je ne sais quoi avec notre visa et on devrait pouvoir les retrouver dans 2 semaines. L’employé de la banque n’est pas intéressé par notre histoire, ni par notre carte d’identité suisse et je n’arrive pas à l’attendrir avec mon ton larmoyant. On appelle vite fait l’employé de l’agence de relocation et on lui demande de stopper la démarche. Il s’en est fallu de peu pour qu’on se retrouvât sans un rond, avec 2 enfants sous le bras, complétement jet lagés, survoltés et affamés.
Mon mari, tellement heureux de pouvoir enfin retirer des yuans, s’en est allé faire des courses dans la superette pour expats du coin. Il a acheté 2 pommes, 3 bananes, 1 litre d’eau, des pâtes, une laitue et encore 3 ou 4 petites choses . Total : 90.- CHF. Je me suis demandé si les pépins de la pomme étaient en or, mais non. Bienvenus à Shanghai.