Le voyage
Vol Genève- Francfort : on atterrit avec 1 heure de retard. Une poussette sous le bras, 2 valises dans les mains, 1 enfant de 5 ans qui traine les pieds. On active le pas, il reste 20 minutes avant le décollage. Je commence à courir avec la poussette, je me retourne et je vois mon mari loin derrière. Notre fils ainé chéri de 5 ans ne veut plus marcher, le pauvre chouchou a mal au genou. Il a toujours mal au genou quand on est pressé. Mon mari le met sur ses épaules et porte les 2 valises avec ce qui lui sert de bras. Si j’étais seule, à ce moment-là j’aurais fondu en larmes. Mais mon mari assure en toutes circonstances. Il reste stoïque et n’arrête pas de dire qu’on aura ce fichu vol et on l’a eu.
Premier vol long courrier pour nos enfants. Tout se passe bien, jusqu’à ce que notre petit de 2 ans nous pète une durite, une vraie durite, de celle qui laisse tout le monde bouche bée. Il s’est mis à hurler, rire, pleurer, sauter sur son siège, tout cela en même temps et sans raison apparente. De longues minutes interminables où on perd toute notion de temps. Sa crise a-t-elle duré 1 minute, 5, 10 ? Impossible à dire. Je sais juste que je suis restée pétrifiée, confondue de honte et incapable d’agir. Ce fils-là, ce n’était pas mon fils. C’était le fils de mon mari. Il l’avait conçu tout seul. Car moi je ne mets bas que des petits princes très bien élevés, à la Nadine de Rothschild. J’ai donc fait comme si de rien était et je suis retournée me coucher d’un air dédaigneux en me disant : "les gosses de nos jours sont vraiment mal élevés" .... et j’ai laissé mon mari gérer la crise.
On se pose à Shanghai et je prie pour que nos 9 valises ne soient pas arrivées, car nos fils sont bien assez lourds comme ça. Mais manque de bol, elles sont là, toutes les 9 et il faut les transporter, en plus de la poussette et de nos enfants frais comme des roses avec 5 heures de sommeil dans les gencives.