Une Suisse à Shanghai ... blog d'une expat en Chine

Une Suisse à Shanghai ... blog d'une expat en Chine

Mon ayi, ma perle

En Chine, tout bon expatrié qui se respecte, fait appel à une ayi pour l’aider dans son quotidien. "Ayi" ça veut dire "tata". Elle fait le ménage, le repassage, la cuisine, les courses, garde les enfants, paie les factures (car même après 24 ans de cours de chinois, déchiffrer une facture reste un exercice difficile).

 

Certaines ayi travaillent quelques heures par jour, d’autres font partie de la famille et habitent avec elle. En général, elles ne parlent pas un mot d’anglais. Quand je relis cette dernière phrase, je me dis qu’elle est bien étrange. En Suisse, je me demande bien le nombre de femmes de ménage qui parle anglais. Pourtant en Chine, dieu sait pourquoi, la première chose qu’on demande est : parle-t-elle anglais ?

 

Avant de venir habiter à Shanghai, j’avais lu plein de choses sur l’ayi : elle nettoie la bouche de votre enfant avec l’éponge qui a servi à nettoyer les toilettes, elle verse 4 dl d’huile dans tous vos repas, ça ne sert rien d’apprendre le mandarin car l’ayi parle un dialecte d’un coin reculé de la Chine etc.

C’est donc pleine d’appréhensions que j’ai fait appel aux services d’une ayi. J’ai trouvé une annonce sur un forum. Une famille franco-japonaise-italo-suisse, sur le point de retourner vivre en Europe recommandait son ayi. C’est ainsi que nous avons connu Xiaoling... avant même d’emménager à Shanghai.

 

Xiaoling c’est un petit bout de Chine qui vit avec nous. Je ne sais presque rien sur elle. Elle travaille pour des expats depuis 15 ans. Comme toutes les autres ayi, elle n’a pas vu son fils grandir. Elle l’a laissé chez ses parents, dans le fin fond de la Chine pour qu’ils prennent soin de lui. Voilà, c’est tout ce que j’ai compris. Tout cela je le sais car j’ai la chance incroyable d’avoir une ayi qui parle un peu anglais.

 

Nos conversations sont pour le moins surprenantes. Elle me dit plein de phrases en chinois et à un moment donné, elle glisse un petit mot en anglais (au moment sans doute où elle sent que je m’apprête à pleurer car je ne comprends rien à rien) et paf, le miracle surgit: on finit par se comprendre.

Xiaoling anticipe tous nos besoins, résout tous nos problèmes, cuisine très bien et prépare des muffins surprise juste pour faire plaisir. Elle cuisine à l’occidental car elle a pris des cours. Sans doute a-t-elle été formée à Wisteria Lane, chez Brie Van De Kamp. Toutes les tai tai de France et de Navarre sont en train de me maudire. Car le sport national des tai tai serait, paraît-il, de critiquer son ayi. (Pour rappel, une tai tai est une femme mariée qui ne travaille pas…. Moi, quoi. )

 

Xiaoling travaille beaucoup, trop à mon goût. Je lui dis de se calmer, de se reposer, mais elle ne comprend pas. Je pensais que c’était un problème de langue au début. Mais au final, je crois qu’elle ne comprend pas le concept de repos. Ca ne fait pas partie de son univers.

 

L’autre jour, je lui ai dit de sortir prendre du bon temps, de se balader, de faire ce qu’elle voulait. Elle m’a souri, gentiment remerciée et est sortie. J’ai dit ouf, enfin. Mais non, elle est revenue du supermarché et a passé 3 bonnes heures à préparer des dumplings entièrement faits main.

 

Xiaoling ne lira jamais ce post. Elle ne saura jamais à quel point je l’apprécie. Mais si ce voyage ne devait avoir qu’un but, ce serait d’avoir rencontré un petit bout de femme aussi exceptionnel.



04/10/2015
8 Poster un commentaire