Mon mari, le mandarin et la vache espagnole
Mon mari voyage beaucoup et quand il ne voyage pas, il s’est mis dans la tête d’apprendre le chinois. Grand bien lui fasse. Sa nouvelle copine s’appelle donc Rosetta Stone. Tous les jours, je le vois donc mettre son casque, son micro et répéter inlassablement des phrases d’une grande utilité, style « le petit garçon joue avec une balle rouge. ». Je me demande bien à quel moment il va réussir à la placer dans ses meetings professionnels, mais bon. Au début, je le regardais avec une grande tendresse et beaucoup d’admiration, sauf que… eh oui, il y a un sauf.
Mon mari, dont la langue maternelle est le français parle le chinois avec un accent suisse allemand très prononcé, mais alors vraiment très très prononcé. J’ai beau lui dire et répéter qu’il y a un truc qui cloche, rien n’y fait. On dirait qu’un Schwytzois en colère prend possession de son corps quand il ouvre la bouche. Au début ça me faisait sourire, puis, j’ai commencé à écouter de la musique très fort et aujourd’hui j’en suis réduite à quitter la pièce. Dans la mesure où je sais qu’il vient zieuter mon blog de temps à autre, je profite de l’occasion pour lui dire ceci :
« Pitié, arrête ce massacre. Tu parles chinois comme une vache espagnole » Et je sais, ce n’est pas sympa pour la vache.
Voilà, ça c’est fait.
Sinon, en ce qui me concerne, je ne peux pas trop me la ramener car je n’ai pris aucun cours pour l’instant. J’ai tellement peur d’avoir le même accent que mon époux que je préfère presque m’abstenir. C’est prévu que je fasse 1 année de cours et que je puisse écrire sur mon CV : trilingue. Je trouve que ça fait chic. Pour ceux qui connaissent ma profession, parler le chinois équivaut dans mon job à regarder une mouche voler. Plus value : zéro. Mais comme j’aime les défis intellectuels inutiles, c’est avec un chinois impeccable que je reviendrai en Suisse.