Une Suisse à Shanghai ... blog d'une expat en Chine

Une Suisse à Shanghai ... blog d'une expat en Chine

Profession actuelle ? Housewife ...

Jeudi 28 mai 2015 est à marquer d’une croix blanche : j’ai quitté mon job. Profession actuelle: housewife pour une durée indéterminée.

Je crois que je vais m’asseoir par terre et pleurer pendant 5 bonnes heures. Non, reprends toi, ma fille. Chialer pour si peu, ce n’est pas ton style.

 

Ces prochains jours vont être intenses. 3 massages dans l’un des plus beaux SPA de Suisse, un petit week-end à Budapest avec de chouettes collègues, un cours d’anglais intensif, entrecoupé de séance de bronzette, un déménagement de la mort qui tue à organiser et 345 démarches administratives à faire.

Et après ? Ben après, je suis une housewife. Une vraie de vraie, de celle qui ira apporter des muffins à ses voisines expat pour tuer le temps…. (comme si je savais faire des muffins, moi) 

 

Et là, une nouvelle petite envie de pleurer survient de nulle part. Va falloir que je mette en place un sérieux plan d’action avec projet-objectif-tâche. Un truc sérieux, pas un truc de fille donc. J’ai déjà banni les cours de poterie, de cuisine chinoise, de calligraphie, le fitness, le bénévolat ou m’engager dans un comité de parents d’élèves style« transport » ou « cantine » du Lycée Français de Shanghai. Je suis désespérée mais pas à ce point.

 

J’ai très envie de monter une multinationale active dans 48 pays au monde ou éventuellement devenir directrice adjointe de l’univers, histoire d’avoir un truc intéressant à raconter sur ce blog. Parce qu’à bien y réfléchir, si je reste housewife pour la vie, ce blog risque bien de devenir le blog le plus plat et ennuyeux du monde…. Certains me diront qu’après tout, ça peut être un prix à remporter comme un autre, et ils ont raison, mais je n’aime pas recevoir des prix. Ca me met mal à l’aise.

 

J’ai une petite poussée d’angoisse qui monte en moi. Que peut donc bien avoir à raconter une housewife ? Je rêve déjà de ce moment, lorsque mon mari rentrera à la maison et me demandera « alors chérie, qu’as-tu fait de ta journée aujourd’hui » ? C’est avec un doux sourire sur mon visage et un rouleau à pâtisserie dans les mains que je l’accueillerai s’il a l’affront de me poser cette question insolente.

D’ailleurs chaque fois que j’annonce mon départ pour Shanghai, je sens un regard plein de pitié s’abattre sur moi. Les gens penchent la tête et me demandent avec un ton larmoyant : « Mais que vas-tu faire là-bas ? » Et je réponds inévitablement : « Ben, je vais boire du thé jasmin à longueur de journée avec les voisines, voyons. »

 

Je remarque que la femme d’expat doit obligatoirement faire des trucs avec des femmes. Il existe une association, La Ruche, par exemple qui regroupe un réseau professionnel exclusivement féminin, des cheffes d’entreprise, des femmes bardées de diplômes, des écrivains, mais des femmes, que des femmes. Ou l’association des femmes italiennes à Shanghai. On se croirait revivre en 1950, du temps où l’on séparait les filles des garçons à l’internat. La femme d’expat doit avoir un je ne sais quoi en elle qui l’empêche de se mêler aux hommes.

 

Je pars donc m’expatrier avec cette ambition démesurée d’avoir un travail, des loisirs normaux, et pourquoi pas, soyons complètement fous, des relations humaines normales faites d’échanges avec d’hommes et de femmes. Je sais… je plane un peu, mais je ne peux pas m'en empêcher. 



04/10/2015
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