Une Suisse à Shanghai ... blog d'une expat en Chine

Une Suisse à Shanghai ... blog d'une expat en Chine

Quelques signes qui montrent qu'on est différents

Voilà plus d’un an que je suis en Chine et je commence tout doucement à ranger mon agacement intérieur pour mieux accueillir la différence de l’Autre, accueillir l’acceptation de cette altérité comme source d’enrichissement personnel et spirituel. Car il n’y a rien de plus beau que la rencontre de deux cultures qui s’unissent pour….

Bon, j’arrête, faut pas déconner non plus. J’ai juste compris qu’un chinois c’est différent  de nous. J’ai sélectionné au pif 3 différences. Si j’ai le temps et l’envie, chaque semaine, j’en livrerai d’autres. 

 

La sieste :

 

Voir son collègue avachi sur sa chaise, la bouche ouverte et la bave perlant sur le coin de la lèvre peut être une expérience flippante. En Chine, c’est juste le moment de la sieste.

 

A mon arrivée à Shanghai, savoir que je payais mon ayi à dormir l’après-midi me procurait une sensation étrange. Aujourd’hui, j’accepte le fait d’être un employeur cool et compréhensif.

 

Car la sieste est un moment sacré en Chine et plus qu’un moment, c’est un droit inscrit dans leur constitution. Ce serait une histoire de Yin et de Yang, d’équilibre entre le repos et l’activité. 

 

Ce qui est par contre agaçant, c’est de se rendre compte que les toilettes sont occupées par des gens qui font la sieste sur le trône alors que vous, vous avez juste très envie d’y aller pour y faire ce pour quoi c’est initialement prévu. Car le Chinois fait la sieste n’importe où, mais vraiment n'importe où et le mot est faible. Le net regorge de photos insolites à ce propos.

 

Les employés se dépêchent d’avaler leur repas de midi puis, 1 à 1 tombent comme des mouches à leur place de travail ou ailleurs. Le must de la sieste étant de la faire à Ikea. Pourquoi Ikea ? Parce qu’il y a des canapés, des planches à repasser, des lits et des matelas moelleux qui n’attendent que ça. Après de longs débats, il semblerait qu’Ikea ait fini par accepter cet état de fait  et devienne ainsi « un vendeur de rêve » au sens propre comme au sens figuré. 

 

"Je ne comprends pas, je ne sais pas, je ne peux pas"

 

Au restaurant, j’avais demandé au serveur s’il était possible d’avoir 2 fourchettes pour mes enfants. Il est d’abord revenu avec 2 bols de riz. Comme, je n’en avais pas commandé, je lui ai dit qu’il devait s’agir d’une erreur. Il est alors revenu avec 2 Sprite, que j’ai également renvoyés. Puis 2 poulets… il aurait pu continuer à m’apporter 2 trucs sortis du four ou du frigo encore longtemps, le temps que je réalise qu’il n’avait tout simplement pas compris le mot « fourchette »

 

S’il y a une phrase que je n’ai jamais entendu dans la bouche d’un chinois, c’est « je ne comprends pas » ou « je ne sais  pas» ou « je ne peux pas le faire ». Le NON n’existe pas dans leur culture. 

Ca peut donner lieu à des situations ubuesques quand on ne connait pas leur manière de fonctionner. Avec le temps, on arrive à deviner quand on est en train de leur demander la lune ( ou des fourchettes). 

 

Cela reste anecdotique quand ça touche la sphère privée. Mais lorsqu’il faut composer à longueur de journée avec cela dans la sphère professionnelle, il arrive qu’un manager occidental ait des envies soudaines de repartir ailleurs, au bol : la France, le pays où les employés n’ont pas vraiment de difficulté à manier le NON sous toutes ses formes (Hou, l’horrible cliché, je sens déjà mes 3 lecteurs français s’énerver devant leur écran). 

 

 

Le compliment

 

Un jour, on  discutait avec notre chauffeur (oui, on a un chauffeur, mais on n’y peut rien, il y a des trucs qui arrivent dans la vie comme ça sans qu’on décide quoi que ce soit). On discutait de tout et de rien en anglo-chinois, mais surtout de rien, vu les compétences linguistiques limitées de chacun. A un moment donné, le chauffeur nous montre une photo de sa femme. On lui dit : « elle est très jolie. » Il nous répond à notre grand étonnement : « ouais bof, elle est moyenne »

 

Dans notre culture, si son épouse avait été présente, il se serait pris un coup de rouleau à pâtisserie dans les gencives. En Chine, le compliment a du mal à être accepté. La culture de l’humilité et de la modestie est importante, parce qu’on peut  (et on doit) sans cesse s’améliorer. Si on fait donc un compliment à un Chinois, il n’est pas rare de s’entendre dire : « ce n’est pas vrai  ! ». 

 

Mon mari a donc l’autorisation de dire que je suis un thon en public pour faciliter son intégration et montrer ainsi tout l’étendue de son humilité. Car cette deuxième année sera l’année de l’intégration. Siestes à gogo, « tu es moche » et bol de riz blanc feront un peu plus partie de notre quotidien. 

 

 



12/10/2016
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