Une maison, un numéro de téléphone et un compte bancaire sous le bras
Me voilà de retour de ma seconde visite de repérage à Shanghai. Je mesure la chance d’avoir effectué 2 visites, certains expats n’en ont droit à aucune.
72 heures, top chrono, en Chine avec 3 buts à atteindre:
1) Trouver un lieu où « vivre ».
« Vivre » dans tous les sens du terme. Certes y habiter mais surtout ne pas y dépérir. Parmi les maisons visitées, certaines ont le chic pour donner la sensation qu’on va surtout y pleurer, tellement elles sont isolées de tout. Les expatriés vivent dans des compounds où se regroupent des centaines de maisons …parfois jusqu’à 500.
Il y avait un paramètre important à prendre en compte : combien de temps notre fils de 5 ans allait-il marcher pour se rendre à la sortie du compound afin de prendre son bus scolaire ? 30 minutes pour certaines, voire infaisable à pieds pour d’autres. C’est un tantinet trop pour la gentille maman que je suis. Je veux bien lui faire faire du sport mais hors de question que je me lève à 5h du mat pour ça.
C’est à Vizcaya que nous avons trouvé notre bonheur. Un compound de style espagnol, avec des maisons toutes blanches. La nôtre est située :
- à 3 minutes de la sortie du compound (je sais, c’est carrément indécent tant de bol)
- à 650 m de mon supermarché Carrefour chéri.
Eh là, je dis bingo. En ce moment, sur les 1000 maisons de la Green City il n’y en a que 6 de libres et nous avons réussi l’exploit d’en trouver une qui regroupe ces 2 éléments fondamentaux à mes yeux.
2) Conclure un abonnement de téléphone.
Passage obligé afin de pouvoir ouvrir un compte en banque. Nous étions accompagnés d’une collègue chinoise de mon mari qui nous servait de traductrice. Il faut savoir que le niveau d’anglais des chinois est particulièrement bas, voire inexistant. Sinon comment aurions-nous fait ? Je pense que sans son aide nous en serions réduits à envoyer des pigeons en guise de message.
On commence par choisir son numéro de téléphone sur un écran parmi une vingtaine proposés. Les chinois sont très superstitieux, les chiffres sont importants. Ensuite, on choisit le montant que l’on veut payer par mois… et après …et après ? Je ne me rappelle plus de la suite, car trop d’info tue l’info et qu’avec 6 heures de décalage dans les dents, j’étais aussi fraiche qu’un spaghetti trop cuit.
En fait, il s’agit d’un système de carte prépayée et non d’un abonnement à proprement parler.
Ne me demandez pas comment je vais faire pour recharger la carte, je n’ai rien compris. Par contre, j’ai compris qu’il fallait absolument que je téléphone un minimum de minutes par mois au risque de me voir couper ma ligne. Et là une question existentielle s’est imposée à moi : mais qui donc vais-je appeler ? Ne connaissant personne, je vais devoir m’inventer des problèmes afin de parler avec l’ambassade suisse de Shanghai, l’école du grand, la crèche du petit et c’est à peu près tout. Si un chinois veut bien me servir d’ami virtuel afin que je puisse garder ma ligne, je prends.
J’ai choisi l’abonnement qui m’offre 500 minutes de conversation par mois. Oui, je sais, je suis très ambitieuse comme fille. Soit plus de 8h pendue au téléphone avec des copines chinoises qui n’existent pas….la privation de sommeil n’est décidément pas bonne pour le cerveau.
3) Ouvrir un compte en banque.
Re-merci la collègue de mon mari, sans qui nous garderions l’argent dans un petit coffre à la maison. Les comptes joints n’existent pas en Chine. Les époux ne peuvent pas avoir le même compte. Là encore, mon cerveau ayant quitté mon corps, je n’ai rien compris aux dix milles infos que j’ai reçues. Je compte sur mon mari, frais comme une rose en toute circonstance, produisant une mélatonine de compétition, pour me réexpliquer le tout, une fois que je me serai remise de ce voyage éclair.
A J-26, mes 3 buts ont donc été atteints. Je reviens à Genève, parfaitement zen, gonflée à bloc avec une maison sous le bras, un numéro de téléphone chinois, un compte bancaire et la douce sensation que mon degré actuel d’autonomie à Shanghai ressemble à celui d’un nourrisson.