WeChat dans la vie d'une tai tai ou comment avoir envie de balancer son téléphone à la mer
En Chine, Wechat est une application pour téléphone mobile très populaire.
600 millions d’utilisateurs dans le monde l’ont adoptée. Elle est disponible en plusieurs langues dont le français.
A peine on fait connaissance à Shanghai, on scanne le code QR de la personne qu’on a en face. C ‘est une sorte de code barre propre qui permet de nous identifier. Pas besoin donc de donner son numéro de téléphone pour correspondre avec quelqu’un.
Si on n’a pas WeChat à Shanghai, on n’existe pas socialement. Si on perd son téléphone, on est réduit à néant.
Ses fonctions sont multiples et variées. Un véritable couteau suisse à la mode chinoise.
L’application permet de :
- Envoyer des sms avec des autocollants rigolos
- Téléphoner gratuitement
- Faire de la webcam
- Envoyer des photos, des vidéos.
- Poster des commentaires et photos à la manière de Facebook où les gens viennent « liker » et commenter.
- Suivre l’actualité de la crèche, de l’école, du cercle francophone de Shanghai.
- Laisser des messages audio à une personne. C’est le mode qui a été choisi par exemple par le directeur de la crèche pour nous présenter ses excuses lors de la rentrée désastreuse de notre fils au sein de son établissement.
- Recevoir de l’argent de son chéri, verser de l’argent à un ami avec une simplicité déconcertante.
- Payer dans les supermarchés, payer online
- Diviser l’addition dans les restaurants lorsqu’on est plusieurs.
- Draguer en secouant son téléphone mobile (attention les yeux, des photos de zizis sexuels peuvent surgir de l’écran)
- Lancer des messages sur le réseau de type « bouteille à la mer »
Voilà pour l’instant ce que je connais. Mais je pense qu’il y a encore des tas d’autres fonctions à découvrir.
A peine arrivée à Shanghai, dans son nouveau compound, la tai tai se retrouve prise dans plusieurs groupes wechat. C’est une gentille voisine qui l’y invite, soucieuse de l’intégration de la nouvelle arrivée.
Elle fait partie du groupe qui porte le nom du compound. Plus le compound est grand, plus il y a de membres et plus elle va être envahie de sms où chacun y va de sa petite question.
C’est ainsi que je me suis retrouvée à demander où pouvoir acheter des couches-culottes spéciales « piscine » pour mon cadet, un jour où j’avais besoin d’entrer en relation avec des êtres humains.
Il y a des groupes composés de femmes uniquement et des groupes où les maris y sont invités (rare)
Dans ce dernier cas, je remarque que les femmes font preuve de plus de retenue avant de poster des questions à la noix (style la mienne).
Il y a ensuite le sous-groupe « femmes francophones du compound en question »
Le groupe « femmes qui amènent les enfants à l’arrêt de bus du lycée français de Shanghai »
Le groupe « mamans de bébé n’ayant pas de solution de garde et qui s'ennuient comme un rat mort»
Le groupe « mon ayi est malade, qui me prête la sienne ? »
Le groupe « je vends du fromage, qui en veut ? »
Le groupe « j’ai un charcutier qui va passer me livrer des rillettes, est-ce que ça intéresse quelqu'un ?"
Ce qui est étrange, c’est que lorsqu’une femme pose une question du style : « Est-ce que quelqu’un serait en possession du dernier Harry Potter » ? 40 tai tai prennent leur portable et répondent « non, désolée » à l’entier du groupe en question.
C’est ainsi qu’une tai tai se retrouve avec une centaine de sms fort intéressants à lire tous les jours.
Ici, je découvre un univers féminin fascinant et mystérieux à la fois.
Je m’y sens bien, je noue des relations intéressantes avec des tai tai drôles, intelligentes et touchantes.
Mais si un gentil monsieur a envie de me contacter sur wechat afin d’échanger sur le sens de la vie, les moteurs diesel ou la FIFA, qu’il ne se gêne pas. Mon mari pense en effet que ça me fera du bien de diversifier mes contacts pour mon équilibre psychique.
C’est donc avec son approbation que je donnerai mon "identité WeChat "en message privé, à tout homme qui lit ce post et qui a pitié de moi. Amen.